Trouver son Type de base (profil), c’est lever un voile sur les automatismes qui nous gouvernent pour mieux se connaître et se donner la possibilité d’évoluer. Notre Type, cristallisé dans l’enfance, nous accompagnera toute la vie, tel une ‘langue maternelle’. D’autres facteurs (ailes, dynamique) viendront nuancer notre stratégie de prédilection au cours de la vie.

Cette stratégie inconsciente, utile dans l’enfance, n’a plus de raison d’être à l’âge adulte. Elle va au contraire limiter notre perception et nos choix. D’un autre côté, cette motivation inconsciente nous a permis de développer les qualités correspondant à l’orientation du Type, c’est notre domaine d’excellence.  Ainsi, découvrir notre base nous montre à la fois notre travers principal et notre plus grand potentiel.

Découvrir et comprendre son Type peut considérablement augmenter sa capacité à s’auto-évaluer de manière critique.  En conscience, on peut appliquer la sagesse de ces idées et créer l’opportunité d’une transformation radicale.

Le Type de base, c’est avant tout une passion, une fixation
et un mécanisme de défense préférés.

Matthieu Bourrel

Les difficultés pour se taper

Les limites des tests et instruments de mesure
L’efficience des questionnaires et tests d’Ennégramme reste incertain car il est difficile de porter un regard objectif sur soi sans réelle prise de conscience. Cela nécessite un minimum d’introspection, ayant tous tendance à vouloir nous voir mieux que nous sommes, avec des idées préconçues à notre sujet.

Dans l’idéal, il faudrait aussi examiner plusieurs facteurs lors de la détermination d’un Type, tels que l’énergie, la posture, les gestes, les micro expressions, le ton de la voix, le vocabulaire employé, et, dans la mesure du possible, les interactions et les conversations. Les commentaires de l’entourage sont autant d’indices à ne pas négliger pour plus d’objectivité.

La compréhension du modèle
Nous nous limitons souvent à la lecture des descriptifs, en ayant une approche purement typologique, sans prendre conscience de toutes les dynamiques présentes. L’Enneagramme parait simple d’approche mais complexe dès qu’on développe le sujet.. De même, chacun va interpréter ‘à sa manière’ le vocabulaire lexical employé dans les descriptifs, ce qui nourrit l’incompréhension.

Comportement vs Motivation
S’appuyer sur nos comportements (le ‘comment’) mène à l’erreur car l’Ennéagramme révèle le ’pourquoi’ des choses.Tout le monde peut bien ou mal se comporter.  Ce n’est pas ce que nous faisons mais pourquoi nous le faisons qui détermine le Type de quelqu’un. C’est pourquoi il est essentiel de taper par motivations et peurs fondamentales plutôt que par comportements. L’éducation, le développement spirituel ou psychologique d’un individu n’a pas d’importance si vous vous concentrez sur ce qui motive quelqu’un.

Les Distorsions cognitives (biais)
L’obstacle majeur vient de notre ego et sa réticence à se sentir menacé, ou son attirance à se sentir flatté par un Type autre que sa Base réelle, Nous voyons donc le monde avec nos propres distorsions, et les ‘experts’ en Ennégramme ne font pas exception. Dans ma vision de base 8, j’ai moi-même des difficultés à différencier les Types 1 et 6, hésitant souvent entre la notion de loyauté du 6 et l’intégrité du 1, ou l’anxiété qui caractérise le 1 SP (peur de mal faire) et celle du 6 (peur de dévier).

L’effet Barnum (en référence à l’homme de cirque Phineas Taylor Barnum, réputé maître en manipulation psychologique) est une distorsion psychologique. En effet, il est proposé à un sujet une vague description de la personnalité, plus encore d’une description qui vaut pour n’importe qui. Or, le sujet se l’applique spécifiquement à lui-même, en affirmant qu’il correspond de manière très exacte à lui, qu’il le décrit dans sa différence d’avec les autres. Il y a donc confusion entre l’universel et le singulier.

Il s’appuie sur la présence dans l’analyse de traits majoritairement positifs. Le sujet accepte facilement les discours qui le valorisent. Les traits de caractère qui nous avantagent sont plus facilement acceptés comme une description précise de notre personnalité que les traits désavantageux. De même, lorsque les typologies proposent une description trop vague, l’esprit humain comble la description en y projetant ses propres images et en ne retenant que ce qui l’arrange.

Aussi, l’Ennéagramme se présente souvent comme une analyse peu valorisante. Il n’est pas du tout rare que la personne, en le lisant, résiste tant elle sent ses compulsions, ses défenses dévoilées. Certains types sont particulièrement ‘allergiques’ aux descriptions peu flatteuses.

De plus, c’est un modèle précis et nullement vague qui peut aller loin dans le détail, où les Types sont présentés par comparaison avec les autres, et n’hésite pas à employer des négations, des exclusions précises en rien généralisables. 

L’image de Soi idéalisée
L’image que l’on a de soit n’inclut pas toujours tous les aspects de sa personnalité. Beaucoup d’entre nous se voient comme nous pensons que nous aimerions être, devrions être ou devons être, plutôt que tels que nous sommes réellement.  Pour trouver son Type de base, il faut posséder ou développer un minimum de conscience de soi critique. Cela nécessite généralement une introspection ainsi que la prise en compte du feed-back de son environnement. 

Le niveau de santé psychologique
Un Type trop désintégré ne pourra pas prendre la distance nécessaire pour parvenir à se typer. Il faut un minimum de conscience de soi pour envisager d’explorer ses mécanismes inconscients et sortir de sa zone de confort. 

Le Type de base explique à lui tout seul énormément de choses. Evitez de faire référence aux Types d’intégration et de désintégration en guise d’explication.

De même, être psychologiquement sain et spirituellement conscient rend toujours plus difficile de se taper. Mais se reconnaître à son Essence plutôt qu’à son ego est pratiquement impossible, même pour les personnes les plus intégrées. Et c’est normal, l’ego est trop confortable et utile à notre équilibre psychique.

Centre vs Aile
Il n’est pas toujours facile de trancher entre un Type et son aile forte quand le centre préféré est le même (5w6 ou 6w5 ?). Avant ceux de l’aile, il y a toujours les mécanismes du Type de base qui sont présents (peur, mécanisme de défense, passion, fixation).

Par exemple, le 5w6 et le 6w5 partagent le même centre. Le 5w6 accorde plus de valeur à leurs activités intellectuelles, tandis que le 6w5 se concentre sur la tentative d’éliminer leurs angoisses.

L’influence du sous-Type
Les combinaisons entre notre Type de base et notre sous-Type peuvent être déroutantes. Pour certaines, les préoccupations instinctives  (SP,  SO ou SX) vont se heurter à la motivation du Type, rendant la passion du Type beaucoup plus subtile. On parle de Contre-Type.

Par exemple, le Type 1 lutte contre sa colère (sa passion), perçue comme une émotion très négative, même s’il ne réalise pas qu’elle joue un rôle majeur dans sa vie. Avec un sous Type SX, le 1 se sentira plus libre de l’exprimer et pourra être confondu avec le Type 8, qui la manifeste sans  limites. 

Ainsi, le sous Type peut fortement influencer l’énergie du Type.

Par exemple, les Types instinctifs (891) avec un sous Type SX sont souvent confondus avec les Types émotionnels (234).

Le Niveau de conscience (système de valeur)
Nos empreintes familiale et culturelle sont aussi à  considérer. Typer des individus évoluant dans des niveaux de valeurs différents, en marge de notre culture ou appartenant à des sociétés différentes, devient problématique : confusions et erreurs sont nombreuses. C’est là où la Spirale Dynamique vient nous éclairer sur le mode de pensée du candidat, son sytème de valeur dominant.

Par exemple, le 1, grand idéaliste, va être animé en Bleu par une vérité Absolue qu’il faut respecter coûte que coûte (religion, armée par exemple), mais en Orange, il sera animé par l’individualité de sa propre Vérité. Cela amène deux comportements très différents pour un même schéma psychique.

Les autres modèles
Les rapprochements avec d’autres typologies comme le MBTI ou le Tarot sont parfois pertinentes mais ne peuvent constituer de généralisation. Les perspectives employées sont propres à chaque modèle et ne peuvent proposer de correspondances directes.

Par exemple, les Types  3, 7 et  8  sont ‘assertifs’ mais peuvent être introvertis, alors les Types ‘retirés’ tels que les 4, 5 et 9 peuvent être extravertis.

Les Types du Triangle : 3, 6, 9
Plus que les autres, les Types situés sur le Triangle peuvent avoir du mal à s’identifier, à cause de la double focalisation  (interne et externe) de leur centre dominant. Il s’agit d’un aspect important de leurs stratégies de défense. Ils recherchent l’équilibre, et s’identifient à d’autres points de vue en éludant tout ce qui est perçu comme limitant.

Le 3 peut s’adapter pour ressembler à presque tous les Types. Il a perdu le contact avec ce qui est précieux dans son propre cœur. Il intériorise les idées des autres sur la valeur et s’identifiera à tout ce qui s’apparente à un personnage ‘admirable’ dans un contexte particulier. 

Le 6 a du mal à voir une image complète de lui-même dans un Type. Il reflète l’ambivalence en affichant des traits opposés. Il nourrira une activité mentale frénétique pour trouver une certitude, puis retombera dans le doute. Il a des difficultés à atterrir dans son propre ressenti et a tendance à trop s’appuyer sur la comparaison.

Le 9 a souvent du mal à s’identifier, se retrouvant un peu dans tous les Types parce qu’il fait l’expérience de lui même en se fragmentant. C’est une façon de s’oublier, de se laisser seulement partiellement présent,  en essayant de s’identifier qu’aux parties qui le mettent à l’aise. La tendance dans ses relations est de fusionner avec son partenaire.

3 conseils pour trouver sa base

Prenez compte de l’ensemble d’une vie,
pas seulement du présent
Votre Type de base se révèle dans l’enfance
et vous structure toute votre vie.
Écoutez comment les autres vous décrivent
Il est toujours compliqué de prendre du recul
sur soi-même, l’ego veille.
Analysez votre champ lexical
A l’oral ou à l’écrit, la façon dont on s’exprime
est très révélatrice de notre Type.

Se Typer en 1 question

La plupart des méthodes de typage relève d’un paradoxe, nous amenant à nous interroger sur notre part inconsciente, la partie immergée de ‘l’iceberg’, qui est par définition non visible. Regardons simplement ce qui est visible (pour nous), l’image idéalisée que nous avons de nous-mêmes et que nous voulons incarner aux yeux du monde. L’Ennéagramme parle de ‘fierté egotique’. Elle s’est construite en réaction à nos peurs fondamentales. Voici une piste à suivre.

L’on peut s’identifier à plusieurs déclarations mais il s’agit de sélectionner celle qui a le plus sens pour vous. 

Je suis fier de ma capacité de travail, de mon honnêteté
et de ma rigueur morale. > Type 1
Je suis fier de l’amour et de l’aide chaleureuse
que j’apporte aux autres.
> Type 2
Je suis fier de mon efficacité et de mes réussites
(sociales et professionnelles).
> Type 3
Je suis fier de ma profonde sensibilité
et de mon originalité.
> Type 4
Je suis fier de mes connaissances,
de ma capacité à comprendre.
> Type 5
Je suis fier de ma loyauté vis-à-vis des autres,
de remplir mon devoir.
> Type 6
Je suis fier de vivre et de manifester mon optimisme,
de ma capacité à être gai et heureux.
> Type 7
Je suis fier de ma force
et de savoir faire respecter la justice.
> Type 8
Je suis fier d’être facile à vivre,
d’être en paix et calme.
> Type 9

Se Typer en 90 questions

Pour un approfondissement, voici un questionnaire (environ 10 min) qui peut vous apporter une piste de réflexion quant à votre vision du monde.

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