L’ignorance des causes qui nous déterminent
nous laisse croire que nous sommes libres. Spinoza
L’Ennéagramme est un outil dynamique qui décrit une ‘carte’ de la psychologie humaine sous forme de 9 stratégies de survie construites sur nos peurs primaires d’enfance. Il définit ainsi 9 manières d’exister et d’interagir avec le monde, mettant en lumière nos peurs irrationnelles enfouies qui structurent notre personnalité (croyances, automatismes, limitations), dirigeant nos choix et nous imposant des réactions et réponses souvent inadaptées au contexte.
L’Ennéagramme n’est pas une thérapie en soi, il ne remplace aucunement la nécessité d’une prise en charge thérapeutique si cela est nécessaire. C’est un outil qui peut participer à notre équilibre et notre croissance personnelle, et peut être parfaitement complétée par d’autres modèles mais cela n’équivaut pas en soi à un processus de thérapeutique avec des professionnels de santé.
L’intention est de prendre conscience de ces modèles internes par la pratique de l’auto-observation, l’écoute et la présence à soi, ainsi que la capacité à sortir de sa zone de confort. En apprenant à les observer au fur et à mesure qu’ils se présentent et à s’en détacher par notre pleine présence, nous enrichirons notre perception du monde et notre identification, ainsi que le potentiel de nos réponses dans les interactions.
Il est aussi un guide pour une meilleure compréhension et acceptation des autres en nous proposant la carte du monde de ses différents acteurs ainsi que les enjeux qui résonnent en eux. Il peut s’appliquer personnellement et professionnellement pour augmenter l’intelligence émotionnelle, la résilience psychologique et le bien-être général.
Parce qu’inspiré des anciennes traditions philosophiques (Kabbale, Soufisme, Chrétiens du désert), on imagine un outil qui a traversé les âges, mais en réalité, sa création est plutôt récente. Une première approche s’appuyant sur la figure de l’Ennéagramme a été construite dans les années 1920 par Georges Gurdjeff, un mystique passionné par le développement spirituel. Il en fera un processus de transformation.
Dans les années 1960, le bolivien Oscar Ichazo va reprendre les travaux de Gurdjeff pour développer une théorie de la personnalité qui s’appuiera sur l’Enneagramme (il définira 108 Ennéagons). Il n’est qu’un des éléments de sa méthodologie censé nous amener à l’éveil. Dans ce cadre, Il fonde l’école Arica aux Etats Unis et va commencer à l’enseigner comme outil de recherche spirituelle.
Dans les années 80, Claudio Naranjo, un psychiatre chilien, élève d’Ichazo, fera une synthèse pratique de l’Ennéagramme en le contextualisant avec la psychologie actuelle, notamment la classification des désordres mentaux (DSM). Cela va lui permettre d’être plus accessible et faciliter sa diffusion à travers le monde.
En 1987, Don Riso, un professeur américain, influencé par le travail de Carl Gustav Jung, va développer la notion des 9 niveaux de conscience, apportant une lecture verticale de l’Ennéagramme (de sain à pathologique).
En 1995, Don Riso et Russ Hudson créent l’Enneagram Institut à New York. S’ensuit une fructueuse collaboration de plus de vingt ans avec de nombreuses publications et formations. Russ Hudson a particulièrement travaillé sur les instincts et sous types, apportant ainsi encore plus de richesse à l’outil.
Par définition, le Type n’existe pas en tant quel tel, c’est une représentation. Nous ‘faisons » un Type, nous ne le sommes pas. Le Type ou Ennéatype ne rentre en rien dans la définition de l’Être, de son Essence, de sa singularité, mais se présente comme une couche égotique qui vient l’encadrer, le protéger, en nous imposant sa propre perception du monde, construite sur notre inné, notre environnement et nos expériences.
Au lieu de nous cataloguer, l‘Ennéagramme nous montre plutôt de quel territoire sortir pour pouvoir évoluer et agrandir sa carte du monde. La plupart des gens ne sont pas conscients de l’impact de leurs propres fixations sur eux. En définitive, nous tombons dans les pièges que nous voulions inconsciemment éviter, et avec le temps nous pouvons devenir une caricature de nous-mêmes.
On peut imaginer les Types comme un monde composé de 9 territoires sur lequels nous nous déplaçons au cours de notre vie. Chaque territoire a ses propres règles que nous savons appréhender avec plus ou moins de facilités, mais nous avons notre terre de prédilection où nous nous sommes installés pour survivre en y bâtissant notre refuge, représenté par le Type de Base. Il nous est donc très facile de le pratiquer et d’évoluer dans ses frontières. (zone de confort).
Dans la pratique, avec la dimension instinctive qui va fortement influer sur nos comportements, nous arrivons à 27 profils en associant les 3 instincts dominants (survie, social, sexuel).
Dans une connaissance plus profonde de l’Ennéagramme, les ailes, le niveau de conscience, le centre réprimé, sont autant de variables qui apportent au Type une large gamme de nuances. Cela fait plusieurs centaines de possibilités.
C’est la richesse de l’outil. Organisés autour d’un cercle, les 9 Types de personnalité ne sont pas des profils statiques comme la plupart des modèles existants, mais connectés les uns aux autres de manière révélatrice, en indiquant des potentiels pour d’autres comportements adaptatifs et défensifs à chaque Type en fonction de différents paramètres comme un état interne de stress ou de sécurité. Ces processus peuvent s’inscrire temporairement ou dans la durée.
Même s’il existe des des affinités naturelles entre certains Types, chacun peut prospérer en relation avec tous les autres. Le facteur de comptabilité se joue plus sur un niveau d’équilibre interne équivalent des personnes (niveau de conscience) et sur la notion du sous Type instinctif, comme deux personnes qui regardent dans la même direction auront plus de chances de se trouver.
L’essence est la partie de nous qui est au-delà de notre personnalité, qui est connectée à quelque chose de plus grand que nous, et qui est universelle et intemporelle. L’essence est souvent décrite comme étant pure, aimante, compatissante, sereine, joyeuse et connectée à la vie et à l’univers dans son ensemble. Elle peut être ressentie comme une énergie ou un état d’être qui émane de nous lorsque nous sommes en harmonie avec notre vrai moi.
Dans l’Ennéagramme, l’ego (je suis) est un terme employé pour décrire la structure psychique qui nous aide à devenir autonome et indépendant pour répondre à nos besoins instinctifs primordiaux.
Il attribue le sens de l’identité, le sentiment du ‘je’, nous permettant d’avoir une expérience cohérente de nous-mêmes afin de se sentir équilibré et créer des relations avec les autres.
Il rassemble un ensemble de traits de caractère observables tout au long de notre vie, fruit de l’interaction entre notre tempérament inné et l’impact de notre environnement.
L’ego se construit suite à la conscience de la séparation avec la mère pour ne jamais revivre cette souffrance. Il est impossible de s’en débarrasser, mais on peut travailler à minimiser son influence dans nos vies.
Plus l’identification à notre ego est forte, plus il nous est difficile de reprendre notre pouvoir personnel. C’est la notion de désintégration de notre Essence.