‘Chaque personne prend les limites de son propre champ de vision pour les limites du monde.’ Arthur Schopenhauer
Nous avons chacun(e) privilégié inconsciemment dans l’enfance une stratégie d’adaptation qui nous a permis de nous construire dans le Monde et de nous protéger de nos peurs primaires.
Utile dans l’enfance, elle nous a permis de développer des qualités qui lui sont inhérentes, mais n’est plus efficiente à l’âge adulte dans son automatisme parce qu’elle borne nos choix et nos réponses aux limites de notre vision du monde.
Notre grille de lecture s’élargit avec l’âge par l’expérimentation d’autres mécanismes, au fur et à mesure de nos expériences, mais cette approche défensive restera ancrée en nous toute la vie comme un ‘modèle’ référent qui va déterminer la plupart de nos comportements. Il correspond à notre Type de base.
Cette stratégie s’organise autour de trois fonctions spécifiques : un modèle d’évitement (peur primaire /compulsion), un modèle de défense (passion/fixation, mécanisme de défense) et un modèle d’idéalisation (orientation/fierté de l’ego). Ils travaillent ensemble pour maintenir la structure de notre personnalité en place. Il est difficile de penser clairement ou de ressentir nos vrais sentiments lorsque ces parties sont actives.
Quand l’ego échoue à quelque chose,
il croit simplement qu’il faut en faire plus.
Par définition, un Type (de base) c'est :
Une peur de base. Elle est fondée sur une fausse croyance (False Core) que nous avons à notre propos et qui va influencer toute notre vie. Pour installer cette croyance, l’enfant aura perçu et interprété un monde qui n’est pas la réalité mais qui va devenir la sienne. Lors de sa séparation de la figure maternelle, le bébé passe d’un état d’omnipotence à une profonde vulnérabilité. Il devient dépendant, a des besoins insatiables d’amour et de sécurité. Malgré un amour inconditionnel, aucun parent, si dévoué soit-il, n’est en mesure de satisfaire pleinement l’exigence de ces besoins. L’enfant développe donc un manque en lui. Ce manque devient graduellement une source d’angoisse et va participer à la construction de son identité. Il va s’inscrire dans l’enfant comme une peur fondamentale qui l’impactera tout au long de sa vie. Cette peur de base va déclencher une compulsion d’évitement.
Une orientation principale. Elle est la quête induite par la peur de base, ce à quoi l’on aspire tout au long de notre vie pour soutenir notre ego et préserver notre identification. Ce n’est pas une simple ‘motivation’. Tout comme la peur fondamentale, elle est prégnante dans chaque instant de notre vie. Elle en devient un domaine d’excellence pour chaque Type. Lorsque la personne se désintégre, l’égo s’empare de l’orientation pour en faire une caricature.
Une compulsion d’évitement. C’est la manière dont l’ego croit qu’il peut atteindre l’orientation. Elle est à la racine de la construction de l’ego, son moteur, ce que l’on veut éviter à tout prix de vivre. Source de grand stress liée à notre peur de base, chaque Type s’est construit sur cette compulsion inconsciente et automatique dans son besoin de fuir, d’échapper à certaines réalités, qui contribue à former son profil psychologique.
Sous l’emprise de la compulsion, nous manifestons inconsciemment et automatiquement les caractéristiques égotiques (passion, fixation, mécanisme de défense).
La compulsion nous maintient dans une transe, devenant sournoisement un piège qui va alimenter la peur que l’on fuit, telle une boucle incessante. Quand l’évitement n’est plus possible et que la solution ne fonctionne pas, la passion survient alors, et c’est la voie à la désintégration. La compulsion est très inconsciente, et nécessite un travail d’observation pour la porter à la conscience.
Par exemple, le Type 8 apporte au monde sa puissance et il a de lui lʼimage de quelquʼun de fort et de juste. Il est dans son élément quand il est aux commandes ; cʼest le maître du jeu .. Il va alors éviter à tout prix de reconnaître ses faiblesses et ses fragilités, qui lʼempêcheraient de garder le contrôle.
Un mécanisme de défense préféré. C’est un moyen détourné d’obtenir l’orientation. Si la compulsion ne peut être évitée, l’ego met en place une stratégie mentale inconsciente, le mécanisme de défense, qui va contribuer à atténuer les tensions internes et externes du Type et à garder son ‘intégrité’ intacte. D’autres stratégies secondaires plus ou moins conscientes, rattachées aux centres d’intelligence, sont aussi employées.
Pour le Type 1, dans une formation réactionnelle, il peut s’agir de transformer le vécu de colère en un vécu d’enthousiasme. Ainsi, la colère est évitée d’après l’ego, et la compulsion est protégée.
Nous pouvons vivre de temps à autre les mécanismes de tous les types mais l’omniprésence systématique de mécanismes spécifiques dans tous les domaines de vie va définir le Type.
Une passion émotionnelle. C’est l’énergie émotionnelle principale vécue lorsque le Type est dominé par sa compulsion d’évitement, Lorsque le mécanisme de défense échoue, l’égo s’exprime dans le monde intérieur et/ou extérieur par la passion et la fixation. Corollaire de la fixation egotique qu’elle renforce, elle est l’axe central qui organise les pensées, les sentiments et les modèles de comportement qui sont caractéristiques du Type. Contrairement à nos émotions ordinaires qui changent constamment, la passion est le nœud d’une illusion qui maintient notre ego en place. Elle va toujours se rapporter à un contexte et s’exprimer sur un territoire dans une manière qui lui est propre.
Par exemple, le 1 se a pour passion la colère. Il est en colère 24 heures sur 24. Il ne réprime pas la colère, mais essaye de la refouler quand il s’aperçoit qu’elle sort.
Nous vivons aussi tous émotions et pensées propres aux passions et aux fixations des autres Types au hasard des circonstances de la vie sans forcément provoquer une désintégration.
Une fixation mentale. Elle représente une cristallisation mentale d’un ensemble de réactions automatiques défensives visant à protéger notre identité (Ego) et à conserver une intégrité psychique face au stress. Cette préoccupation nous éloigne de notre vraie nature en limitant notre perception de la réalité, quitte à en devenir caricaturale au fil du temps. Elle s’associe toujours à la passion exprimée. Chaque fois que la fixation est satisfaite, la fausse croyance est renforcée.
Par exemple, le 1 se considère comme quelquʼun de droit et de travailleur et fait tout pour le rester, le 2 fait son possible pour aimer et aider ceux qui lui sont proches car il le fait bien et le 3 est fier de réussir avec efficacité ce quʼil entreprend.
Nous vivons aussi tous émotions et pensées propres aux passions et aux fixations des autres Types au hasard des circonstances de la vie sans forcément provoquer une désintégration.
Une vertu. Elle est l’émotion principale qu’il vit lorsqu’il maitrise sa compulsion et qui le rapproche de son Essence, sa vraie nature, comme ses talents à mettre au service du monde, Elle est l’antidote à la passion qui exprime une perspective émotionnelle limitée et conditionnée de la réalité.
Une idée supérieure. C’est la qualité mentale inhérente à notre nature, la notion d’intégration de notre Essence. Elle représente la corollaire mentale de la vertu, accessible lorsque la compulsion d’évitement est maitrisée. C’est une perception objective et inconditionnée de la réalité, sans aucune connotation religieuse. Ce n’est pas une pensée ou une idée, mais une ‘compréhension expérientielle‘ qui porte un niveau de certitude différent. Elle est l’antidote à la fixation qui exprime une perspective mentale limitée et conditionnée de la réalité.
Par extension, c'est aussi :
Un centre d’intelligence préféré. Il fait référence à notre ‘forme’ d’intelligence la plus sollicitée parmi les 3 dont nous disposons (centres instinctif, mental, émotionnel) pour recevoir, traiter et émettre des informations. Il est principalement utilisé pour tenir un rôle particulier et remplir des objectifs spécifiques. La culture occidentale a toujours privilégié le centre cognitif, au détriment de l’intelligence émotionnelle et instinctive.
Une fierté égotique. Elle est l’image idéalisée de ‘Soi’, ce qui nous pensons que nous devons être afin d’avoir de la valeur et de l’estime de soi, et qui n’est pas la réalité. Tout ce qui ne correspond pas à cette image est mis sous la surface de la conscience, nous emprisonnant dans une personnalité de façade. Chaque profil a tendance aura tendance à surjouer son rôle, au détriment d’une authenticité. On peut la rapprorcher du concept de False Self (Faux Soi) développée par Stephen Wolinsky, telle une compensation de la False Core (Fausse croyance).
Un angle mort. La vision de chaque Type lui semble évidente et son comportement cohérent. Pourtant, sa perception déformée créée un angle mort dans son monde qui l’empêche d’être vraiment présent à lui et de vivre son potentiel à tout moment. L’angle mort est directement lié à la nature essentielle de chaque Type. C’est en prenant conscience de cet ‘aveuglement’ que nous accéderons à ce que nous sommes. Notre entourage est mieux à même de percevoir cette distortion qui sonne comme une contradiction.
Un domaine. Dans l’approche d’Oscar Ichazo, un ‘domaine’ se réfère à une sphère spécifique de la vie où chaque fixation exprime ses comportements et ses préoccupations principales. Les domaines aident à identifier les contextes où les fixations et les mécanismes de défense des différents types se manifestent le plus fortement. Les domaines sont peuplés de pièges, d’habitants, d’esprits, et de portes de compensation.
Par exemple, le domaine du 6 couvre les activités (travail etloisirs), alors que celui du 7 couvre lla hiérachie, sa place dans le monde.
Les connections d'un Type
Chaque Type est connecté à 4 autres points :
Deux ailes, les deux points encadrant de par et d’autres le Type de Base, dont l’une est généralement dominante. Elles vont venir nuancer notre personnalité au cours de la vie. Ex : Le Type 3 a les ailes 2 et 4
Un point d’intégration qui mène à sa zone d’épanouissement. Lorsqu’il évolue vers la vertu, le Type acquiert, en plus des siennes, les qualités de ce point. Ex : Le Type 2 acquiert les traits positifs du 4 en s’intégrant.
Un point de désintégration qui mène à sa zone de repli. Lorsqu’il régresse en cédant à la passion, le Type acquiert, en plus des siens, les défauts de ce point. Ex : Le Type 2 acquiert les traits négatifs du 8 en se désintégrant.
Sur certains énneagrammes, les sens d’intégration (flux à contre courant) et de désintégration (flux de la facilité) sont symbolisés par des lignes flêchées reliant les différents points.